Battre le record du monde : mon histoire

 

S’entraîner pour battre le record du monde en Swings nécessite de la persévérance. Beaucoup approcheraient ce challenge en allant de plus en plus loin dans la « brûlure ». Mais il y a une autre méthode, moins stressante pour le corps et plus efficace. Elle consiste à s’entraîner pour éviter, ou au moins retarder, l’apparition des conditions internes qui provoquent la baisse de la performance et l’échec. Et cette méthode ne marche pas que pour battre le record du monde.


Ma motivation pour battre le record du monde

En Avril 2017, j’ai eu une idée folle. J’allais essayer de battre le record du monde Guinness en Swings. Plus précisément, « Le poids le plus lourd soulevé en une heure par une femme, par le biais de Swings avec Kettlebell ».

J’organisais une action caritative pour collecter des dons pour la « MS Society » [qui finance la recherche sur la sclérose en plaque], puisque mon père souffre de cette maladie. Je pensais qu’une tentative de battre le record du monde attirerait certainement l’attention des potentiels donateurs. Et puis, après tout, « la force a une plus grande raison d’être ».

Les règles spécifiées par Guinness étaient simples :

  • Uniquement les Swings à deux mains
  • Les genoux et les hanches verrouillés en extension à la fin de chaque répétition
  • Les bras au moins parallèles au sol à la fin de chaque répétition
  • Le Kettlebell passe derrière les genoux en position basse

Le Swing selon le standard StrongFirst répondait à leurs exigences. Le record du moment (pour femme) affichait 20 816 kg.

Puisque j’utilisais les Swings dans la plupart de mes séances d’entraînement, je me considérais en bonne condition physique. Je savais que cette tentative n’allait pas être facile, mais j’avais la confiance. Battre le record du monde était à ma portée. Mais lorsque j’ai commencé ma préparation, ma confiance a été mise à rude épreuve.

Les objectifs et les décisions à prendre

Ma tentative allait avoir lieu en Juillet 2017. J’avais trois mois pour me préparer et beaucoup de décisions à prendre. D’abord, j’ai décidé d’utiliser un seul KB pour la totalité de l’épreuve. Pour moi, faire des Swings @32 kg était normal. Mais je comprenais qu’après plusieurs séries, mon grip allais souffrir. Alors, j’ai choisi de tout faire @24 kg, puisque c’était mon Kettlebell « confortable ».

J’allais viser 1000 Swings hard style en une heure pour un total de 24 000 kg. Pas facile, mais avec une préparation appropriée, cela me paraissait accessible. Faire 20 Swings par minute (EMOM) pendant 50 minutes allait m’amener à 1000 répétitions. Ensuite, j’allais décider quoi faire avec les 10 minutes restantes.

Ces décisions prises, j’ai fait mon premier test. J’ai réussi à faire 15 Swings @24 EMOM pour une durée de 25 minutes (375 Swings, 9000 kg). C’était difficile, beaucoup plus que je ne croyais, surtout pour le grip. Vers la fin, j’avais du mal à tenir le Kettlebell. Tout d’un coup, j’ai compris combien de travail j’allais devoir faire. Je ne pouvais pas le faire n’importe comment.

Battre le record du monde en Swings - Megan Kelly

Donc, pour battre le record du monde en Swings, je devais me focaliser sur trois éléments :

  • Mon endurance.
  • Ma puissance.
  • Mon grip.

Après le premier test, j’ai également compris que ce challenge allait me demander un gros effort mental. Alors, j’ai opté pour un travail simple et focalisé sur l’objectif.

Le plan et le travail : l’endurance et la puissance

J’ai prévu trois séances par semaine. Chacune se focalisait sur l’endurance ou sur la puissance en utilisant les principes de l’entraînement « anti-glycolytique ». [Pour en savoir plus, intéressez-vous à la formation  Strong Endurance™ ]. L’idée centrale était de « s’entraîner pour éviter, ou au moins retarder, l’apparition des conditions internes défavorables qui provoquent la baisse de la performance et l’échec ».

Le point-clé de ce type d’entraînement est qu’il ne doit pas être éprouvant. Cela ne paraît pas évident, mais c’est assez commun à la méthodologie russe qui a donné beaucoup de champions. Chaque répétition doit être une copie conforme de la toute première : aussi forte et aussi puissante. Vous devez arrêter votre travail si vous :

  • Commencez à perdre la puissance ou la technique
  • Perdez la capacité de respirer correctement
  • N’êtes plus capable de récupérer dans le temps imparti
  • Commencez à sentir la « brûlure »

Ce n’est pas négociable.

Ces signes indiquent que vous accumulez des déchets métaboliques plus vite que vous ne pouvez les éliminer. Les principes « anti-glycolytiques » suggèrent de l’éviter autant que possible. Il s’agît de favoriser la filière aérobie, la principale ressource de notre endurance. Mon objectif était de passer, pendant ma tentative, autant de temps que possible sans accumuler une dette énergétique. Ainsi, j’allais conserver toute ma puissance.

L’organisation des séances

Mes séances « endurance » comportaient plus de volume avec un KB plus léger, 18 ou 20 kg. Je visais 15-20 répétitions EMOM, en commençant à 25 minutes.

J’ai également inclus des Swings à une main dans mes séances d’endurance. Je ne pouvais pas les utiliser dans ma tentative de battre le record du monde, mais je savais qu’ils allaient renforcer mon grip. Au départ, j’ai prévu de faire des « Farmer’s Walks ». Mais finalement, j’ai compris que les Swings à une main allaient suffire.

Pour mes séances « puissance », j’utilisais des KB plus lourds, 28 ou 32 kg. Pour commencer, j’ai visé 10-15 minutes et 10 répétitions EMOM.

En résumé, voici mon programme initial :

Les séances « Puissance » :

  • Swings à deux mains
  • Charge : 28 ou 32 kg
  • Répétitions : jusqu’à 10 par minute
  • Durée : 10-15 minutes
  • Volume : de 2800 à 4800 kg

Les séances « Endurance » :

  • Swings à deux et à une main
  • Charge : 18 ou 20 kg
  • Répétitions : 15-20 par minute
  • Durée : 25 minutes
  • Volume : de 6750 à 10 000kg

Pour obtenir les adaptations nécessaires, j’allais suivre à la lettre les principes de Strong Endurance™. Aussi bien pendant les séances « endurance » que « puissance ». Si je n’arrivais plus à exécuter mes répétitions en accord avec ces principes, alors je terminais ma séance.

Évaluer et ajuster

Jusqu’au mois de Juin, mon entraînement a très bien fonctionné. Mon endurance de base a progressé à tel point que j’ai commencé à utiliser un 24 kg. Malgré cette augmentation, je ne perdais pas de puissance. Néanmoins, j’ai vite compris que je n’allais pas pouvoir faire 20 répétitions EMOM. En tout cas, pas pendant longtemps. Mon grip n’était pas assez fort. En fait, je commençais à lutter pour garder le KB dans ma main au-delà de 20 minutes. Mes avant-bras commençaient à « brûler » et ce n’était pas acceptable.

Alors, j’ai décidé de tester d’autres formats. 10 répétitions toutes les 30 secondes marchaient le mieux. De cette manière, j’arrivais toujours à 20 répétitions par minute, mais les 15 secondes entre les séries permettaient à mon grip de récupérer. À la mi-Juin, j’ai réussi à faire 700 Swings (16 800 kg) en 35 minutes. Je l’ai fait en suivant ce format-là, sans grande difficulté.

Ma dernière séance avant la tentative de battre le record du monde a duré 50 minutes. Je voulais répliquer le temps que j’allais faire lors de ma tentative. En revanche, j’ai baissé le volume en faisant 15 répétitions EMOM @24 kg. Cela m’a permis de préserver les mains. D’ailleurs, j’y ai fait très attention tout au long de ma préparation.

La préparation mentale

Dès le départ, j’ai compris que j’allais également avoir besoin de faire un travail mental. Alors, chaque soir, avant de dormir, je visualisais les dix dernières minutes de ma future tentative. Comment j’allais me sentir physiquement ces dix dernières minutes ? À quoi j’allais penser ? À quel point j’allais avoir mal aux mains ?

S’il y avait une chose à retenir, ce serait ceci : si vous croyez que vous pouvez, vous allez pouvoir. Parfois, j’avais la tentation de tout arrêter. Mais ce qui m’a poussée à continuer, c’était la conscience que, déjà, j’étais capable rien que d’essayer de battre le record du monde. À la différence de beaucoup de gens. Par exemple, de mon père qui donnerait tout ne serait-ce que pour pouvoir marcher. J’avais la chance d’avoir un corps fort et en bonne santé. J’allais l’utiliser.

Battre le record du monde : le grand jour

J’étais très nerveuse. Mais puisque nous avons déjà collecté 4000 £ pour la « MS Society », j’étais prête au combat. Je me sentais physiquement et mentalement prête. Dans mon esprit, il n’y avait pas de place à l’échec.

Battre le record du monde : le combat

Les premières 45 minutes n’étaient pas si dures. Tout se déroulait comme prévu. Puis, à 15 minutes de la fin, je me suis déchiré la main droite. J’ai encore la cicatrice. Mais cela n’a pas suffi pour m’arrêter et j’ai continué jusqu’au bout. Désormais, je connais dans ma chair la définition « de la sueur, du sang et des larmes ».

Au total, j’ai exécuté 1 012 Swings en une heure, dont 989 ont été jugés conformes aux exigences Guinness. Le Kettlebell que j’ai utilisé a été officiellement pesé à 24,1 kg. Cela a donné le total de 23 834,9 kg. J’ai battu le record précédent de 3 tonnes !

Megan Kelly, record battu !

Je ne suis pas spéciale et mon programme n’était pas sophistiqué. La clé de mon succès était une planification intelligente et supportable, une persévérance dans le travail et une détermination qui vient de la conscience que « la force a une plus grande raison d’être ».


Conclusion : avant de battre le record du monde

Avant de battre le record du monde, Megan aussi a commencé par un apprentissage technique. Pour la suivre dans ses pas, nous vous proposons la Formation officielle « StrongFirst Kettlebell Course ».

Et si vous êtes déjà bien avancé sur ce chemin et souhaitez partager votre expérience avec vos élèves, nous vous donnons les clés lors de notre Certification d’instructeurs SFG 1.


* Remerciements à Marion Molinié, SFG 1, pour la relecture

Continuité du processus d’entraînement