Image de soi : êtes-vous dans votre présent ou votre passé ?

 

« Ton apparence actuelle est ce que nous appelons l’image de soi résiduelle. C’est la projection mentale de ton identité digitale »

Morpheus dans « Matrix »

La trilogie « Matrix » nous a donné des effets spéciaux éblouissants, mais aussi quelques concepts philosophiques intéressants. En particulier, par rapport à l’image de soi, lors du voyage initiatique de Néo. Ils interpellent notre idée de la réalité et de ce que peut vouloir dire « être soi-même ».

La scène citée ci-dessus commence lorsque Néo se prépare à entrer dans un programme d’entraînement. À ce moment-là, il a le crâne rasé, porte les mêmes vêtements que les autres, a des implants dans les bras et la nuque, etc. Mais une fois dans le programme, il retrouve son apparence d’avant, lorsqu’il faisait partie de la « Matrice ». Avec sa coiffure, ses vêtements habituels, sans implants…

Pourquoi est-ce important ? Pour vous inciter à revoir la trilogie, oui, mais encore ?

Parce que nous opérons tous à un certain niveau de l’image de soi résiduelle.

« Le passé n’est pas seulement le passé, mais un prisme. C’est à travers ce prisme que l’individu filtre son inconstante image de soi ».

Doris Kearns Goodwin

Avant d’argumenter, continuez à lire : je vais même parler de l’entraînement.

Image de soi résiduelle - Matrix

Quelle est votre image de soi opérationnelle ?

Il vous est sans doute déjà arrivé de devoir recommencer votre pratique. Une blessure, une maladie ou une situation familiale difficile a interrompu vos entraînements. Puis, quelques semaines plus tard (voire plus), vous étiez enfin prêt à reprendre. Avez-vous essayé de recommencer pile à l’endroit où vous vous êtes arrêté ?

Si oui, alors vous opériez à partir de votre « image de soi résiduelle ». La projection mentale de votre identité d’avant. Vous l’avez importé dans le présent, mais vous n’étiez plus la même personne.

Nous avons tous déjà rencontré des gens qui opèrent à partir de leur « image de soi résiduelle ». Les spécificités peuvent varier énormément. Cela peut être un souvenir de leur jeunesse où ils étaient au top de leur forme. Ou un moment de leur vie où ils ont accompli quelque chose d’important. Ce qui établit « l’image de soi résiduelle » peut varier, mais le fait que nous la portons avec nous, non.

« Je ne me suis pas rendu compte que j’ai grossi ». « Je ne savais pas à quel point je n’étais plus en forme ». Ce sont les démonstrations de « l’image de soi résiduelle ». Nous gardons l’image de nous-mêmes tels que nous étions au top de nos capacités (ou l’inverse). Cela nous empêche de voir la réalité en face.

Revenons à l’entraînement

Je dis souvent que nous devons « rencontrer les gens là où ils sont ». C’est la condition pour pouvoir les amener plus loin qu’ils ne croient pouvoir aller. Cela a un rapport direct avec « l’image de soi résiduelle ». Nous devons fournir une analyse correcte de l’état actuel de la personne pour lui proposer un programme d’entraînement approprié. Surtout, si cette personne revient à l’entraînement après une interruption. Parfois, cette analyse n’est pas plaisante et la personne ne l’accepte pas les bras ouverts.

En attendant, voici quelques infos importantes :

La condition physique baisse assez rapidement (7-12 jours)

« Coyle, Martin et Holloszy (1984) ont évalué les athlètes d’endurance qui s’entraînaient depuis 10 ans. La VO2max a baissé de 7, 13 et 15% après 12, 56 et 84 jours respectivement. Le volume systolique a baissé de 11% après 12 jours. Le volume systolique pendant l’exercice et la fréquence cardiaque maximale n’ont pas changé au-delà de 12 jours, avec le rendement cardiaque maximal stabilisé 7-9% e dessous de l’état entraîné. Ainsi, la baisse du rendement cardiaque maximal se cantonne au 12 premiers jours, alors que la VO2max et l’activité mitochondriale continuent à baisser encore avant de se stabiliser ». Rundell, K. W. (1994). « Strength and endurance: Use it or lose it. » Olympic Coach, 4(1), 7-9.

La force se maintient plus longtemps

« La baisse est relativement limitée pendant les quelques premiers mois après l’arrêt de l’entraînement. Certaines recherches ont démontré que :

(a) Aucune perte de force n’a été constatée après la fin d’un programme d’entraînement long de trois semaines.

(b) Seulement 45% de l’augmentation de la force suite à un programme d’entraînement long de 12 semaines ont été perdus après une année d’arrêt. »

Wilmore, J., & Costill, D. (1988). Physiological adaptations to physical training. In Training for sport and activity, Chapter 11. Dubuque, IA: Wm. C. Brown.

Pourquoi est-ce important ?

Il y a une différence entre un weekend sans entraînement et une pause suffisamment longue pour commencer à perdre ses acquis. C’est pour cela que je ne m’inquiète pas pour les vacances ou autres courtes périodes d’arrêt. En fait, typiquement, après ce genre d’interruptions, les élèves reviennent frais et reposés, prêts à grimper de nouveaux sommets.

Image de soi : retour à la réalité

Quoi qu’il en soit, les premières séances après le retour à l’entraînement devraient être « légères ». « Dépoussiérer » les muscles, lubrifier les articulations, « rallumer » les circuits nerveux. Même si la force reste à un bon niveau pendant longtemps. Nous voulons revenir en douceur afin de permettre aux tissus de s’adapter au stress. Cela vaut aussi pour le conditionnement : commencez doucement. Travaillez au niveau Maffetone, rallongez les pauses entre les séries de Swings, etc.

Si votre interruption a été suffisamment longue pour provoquer la perte des acquis, alors cherchez dans vos journaux d’entraînement un programme qui vous a déjà permis de « revenir » avec succès. Il n’y a pas de honte de recalibrer vos séances pour viser le niveau « Simple ». « Sinistre » attendra.

Au final, vous êtes le seul à savoir si vous opérez à partir de votre « image de soi résiduelle ». C’est là qu’il peut être intéressant d’avoir un certain nombre de benchmarks. Savoir où vous en êtes par rapport à un benchmark particulier (comme, par exemple, le Snatch-test) est un bon moyen d’établir une image de soi « à jour ». C’est là, également, qu’un bon coach, de préférence un instructeur certifié peut être d’un grand secours.

Et n’oubliez pas de revoir la trilogie « Matrix » !

En résumé

Avant d’entamer ou de reprendre un programme d’entraînement, assurez-vous que votre technique ne présente aucune lacune. Pour cela, participez à nos formations officielles StrongFirst.

Pour plus d’informations sur ces formations :

Quant aux benchmarks, nous vous en proposons six, tous basés sur les standards StrongFirst : Benchmarks RedStarKettlebell.

Désormais, vous allez avoir l’occasion de les valider officiellement sous l’œil de nos instructeurs certifiés lors des événements tels que le « Open Day StrongFirst France », mais aussi des événements locaux.


* Remerciements à Marion Molinié, SFG 1, pour la relecture.

 

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