Le mental d’acier d’un athlète de force

 

Généralement, dans l’imaginaire populaire, l’expression mental d’acier est associée à l’endurance. C’est un marathonien qui s’étripe sur la route pendant des heures. C’est un boxeur qui survit aux dix rounds d’un combat professionnel. Et pourtant, cette volonté de ne rien lâcher est tout aussi présente lorsqu’il s’agit de la force maximale. C’est la capacité de pousser un poids qui vous écrase jusqu’au verrouillage en position finale. Et le faire sans compromettre la technique.


Le professionnel de la force n’a pas de plan B. C’est le privilège d’un amateur. Ce dernier a tout d’un coup des doutes sur sa capacité de terminer le mouvement tel que prévu. Alors, il cherche la voie de moindre résistance. Par exemple, dans le Press avec un Kettlebell, il va hausser son épaule. Cela lui donnera un levier plus avantageux, mais seulement au début. Comme toujours avec les décisions prises en état de panique, celle-ci est à court terme. Il peut être plus facile de monter le Kettlebell encore quelques centimètres en haussant l’épaule, mais au-delà, c’est un cul-de-sac. Et lorsqu’on insiste, l’on risque la blessure.

Quant au pratiquant expérimenté, il continuera à pousser le long de la trajectoire techniquement correcte. Et aussi tentant que cela puisse être, il ne prendra pas de détours plus faciles. Il fera confiance à sa force et ne compromettra pas la technique du mouvement, quoi qu’il arrive. C’est bien la marque d’un professionnel de la force. Et si, ce jour-là, le poids est au-delà de ses limites, alors il “échouera en gardant son intégrité” (Marty Gallagher).

Le mental d’acier : le Press de John Spezzano

Il y a quelque temps, StrongFirst a publié une vidéo. Senior StrongFirst Certified Instructor, John Spezzano exécute un Press avec un Kettlebell de 44 kg. C’est loin d’être un record du monde, mais c’est tout de même plus qu’honorable pour un quadragénaire de 80 kg. Mais c’est surtout sa manière d’exécuter le mouvement qui est impressionnante.

Pas de pieds qui dansent, ni genoux qui tremblent, ni hanches qui font de la Zumba. Juste une poussée, terriblement lente et pourtant, sans danger. Le Kettlebell s’arrête net alors que le bras n’est même pas parallèle au sol. A ce moment-là, un amateur aurait abandonné, mais pas John.


Hausser involontairement les épaules est un signe de peur. John n’en a montré aucun : ses épaules sont restées basses. Son corps s’est incliné latéralement, mais juste assez pour ne pas être déséquilibré, alors que le poids était relativement lourd par rapport à son poids de corps. Son dos n’est pas parti en hyper extension. Il s’est battu contre ce morceau de métal et, après un bon moment, il l’a vaincu.

Le mental d’acier : le programme de John

Il est évident que ce genre d’effort n’est pas à faire à chaque entraînement. Ni une fois par semaine, ni une fois par mois. Sinon, même si vous arriviez à éviter la blessure, vous finiriez par “cramer” votre système nerveux. Il y a une différence capitale entre l’entraînement et le test. En se préparant pour son record personnel, John a suivi un de mes programmes expérimentaux. Ce programme de 8 semaines ne l’a jamais poussé jusqu’à l’échec lors d’une série. La plupart du temps il travaillais avec un Kettlebell de 32kg en séries de 2 à 4 répétitions et de 28 kg, en séries de 3 à 6. C’est entre un et deux tiers de ses RM, voire moins.

Une parenthèse lyrique : la prochaine fois que vous voyez marqué “AMRAP” quelque part, quittez cet endroit et ne revenez plus jamais. Et en fait, le vrai terme est “RM” (répétitions maximum). Il a été instauré en 1945 par un chercheur dans le domaine de renforcement, Capitaine Thomas DeLorme. Il n’y a pas besoin de réinventer la roue.

La beauté du mental d’acier

Pour clarifier les chiffres ci-dessus, au début de ce programme le 1RM (poids maximal pour 1 répétition) de John était de 40 kg. Donc, 32 kg était son 80% de 1RM et 28 kg, 70%. John a la proportion des fibres rapides un peu au-dessus de la moyenne. Généralement, un athlète de ce type est capable de faire 10 reps avec son 70% et 6 reps avec 80% de 1RM. Donc, John se limitait à entre un et deux tiers de ses “répétitions maximum”. Si ses muscles avaient la proportion de fibres lentes plus élevée, ces pourcentages seraient encore plus bas. Pendant ces huit semaines, John ne se testait pas. Il pratiquait le mouvement, il balisait la trajectoire de manière organisée. C’est exactement comme cela que vous devriez vous entraîner.

Quant à l’effort maximal, la majorité des pratiquants devrait se contenter de ce que les Russes appellent le max d’entraînement. Vous pensiez que l’objectif de cet article était de vous encourager à vous arracher en testant votre 1RM ? Grave erreur. Ce genre d’effort est un domaine réservé aux compétiteurs, mais aussi aux rares pratiquants comme John. Les gens qui, en plus d’un mental d’acier, ont une discipline de fer.

Mental d'acier, discipline de fer
Mental d’acier, discipline de fer

Non, mon objectif était de vous convaincre qu’un vrai effort maximal est une preuve d’un mental d’acier. Il n’a rien à envier à un marathon exténuant. Et il mérite au moins autant de respect.

En voyant cette vidéo, ceux qui comprennent la valeur de l’effort maximal sont toujours impressionnés. Naturellement, à notre époque, il est normal que même ceux qui ne comprennent rien à rien peuvent s’exprimer. Certains ont hurlé face à ce qu’ils ont perçu comme un mouvement dangereux. Ils n’ont pas su apprécier la beauté de l’effort qu’eux-mêmes, ils ne sont pas capable de faire.

Respect.

Pour conclure

A notre époque, où une crise remplace une autre sans nous donner le temps de souffler, le mental d’acier est plus important que jamais. C’est cette qualité du caractère, voire de l’âme, qui nous permet de rester imperturbables face aux attaques et aux tentations. De rester fidèles à nos valeurs fondamentales. Et il se trouve que l’on peut commencer à travailler cette qualité, ce mental d’acier lors de nos entraînements de force.

Mais, comme c’était précisé dans l’article, solliciter le mental d’acier à l’entraînement est réservé aux professionnels de la force. Pour en devenir un(e), il faut commencer par en maîtriser les outils. C’est l’objectif de nos formations techniques officielles :

En revanche, si vous vous entraînez depuis longtemps et souhaitez désormais partager votre expérience avec d’autres passionnés, nous pouvons vous enseignez la meilleure manière de le faire lors de nos certifications :


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