Épreuves SFG : face à face avec soi-même

Épreuves : l’heure a sonné

Le moment tant redouté des épreuves est enfin arrivé ! Le soleil à peine levé se reflétait dans la rosée du matin quand les portes du complexe sportif se sont ouvertes pour nous accueillir. Deux jours et un bon millier de Swings après le début de la certification, la fatigue se voyait dans les mouvements et la démarche des candidats. Le stress se lisait dans les regards, mais aussi une sorte d’anticipation, de délivrance : enfin !

Nous avons commencé par une séquence d’exercices de mobilité, bienvenue pour délier les muscles. Ensuite, nous nous sommes retrouvés dans nos équipes pour une heure et demi de révisions techniques. Sous la supervision du Team Leader et de ses assistants, chacun a pu s’attarder sur ses points faibles. Une sorte de dernier réglage avant les épreuves.

Épreuves SFG - Révisions techniques

Une courte pause, une gorgée d’eau, et sans transition aucune nous nous attaquions à la plus redoutée des épreuves SFG, le Snatch Test.

Le Snatch test

Pour vous rappeler, le Snatch test consiste à exécuter un certain nombre de Snatches en un temps donné. Le poids du Kettlebell, le temps exact et le nombre dépendent de l’âge, du sexe et du poids du candidat ou de la candidate. Pour la majorité des candidats (hommes, 30-40 ans, poids moyen de 80 kg), il s’agit de faire 100 Snatches en 5 minutes avec un Kettlebell de 24 kg.

Nous sommes passés par groupes de cinq candidats. Chacun avait à côté de lui un assistant pour compter les répétitions et contrôler la technique. La décompte du temps était la même pour tout le monde.

La tension était palpable. Parmi les candidats, beaucoup étaient des professionnels aguerris. Pourtant, c’est à reculons qu’ils et elles allaient prendre place devant les instructeurs. Surtout, pour le premier passage. Pour ma part, je n’avais aucune envie de me laisser influencer en voyant d’éventuels échecs. Alors, je me suis dit : « J’y vais maintenant et je donne tout ce que j’ai. » Et c’est ainsi que je me suis retrouvé en première ligne pour passer le Snatch test.

Ma stratégie était de faire 10 répétitions à gauche et à droite, puis poser le Kettlebell pour reprendre mon souffle jusqu’à la fin de la minute. Cinq minutes, cinq fois vingt répétitions pour un total de cent. Net et carré !

Le combat

C’est parti ! D’un seul élan, une vingtaine de Kettlebells se sont envolés dans les airs. La plus redoutée des épreuves a démarré. Moi, je l’ai ressenti difficile, mais surmontable. Et puis, ce que je craignais arriva : un no-count (répétition non-comptabilisée) ! Lors de la troisième série, mon coude n’était pas complètement verrouillé sur la huitième répétition à gauche.

J’ai dû faire une répétition en plus, mais surtout me mobiliser psychologiquement pour ne pas perdre le fil directeur de ma stratégie. Du coup, entre la troisième et la quatrième séries, je n’ai eu que cinq secondes de répit (on ne peut pas appeler ça du repos) au lieu de 15 ! Là, j’ai dû faire appel à mes ressources de karatéka. J’ai crié : « YAAAAZAAAAAA !!! » et suis reparti au combat. C’en était clairement un, contre la petite voix qui, quelque part, me disait : « Continue à récupérer… » Finalement, j’ai terminé les 100 répétitions à 4 minutes 43 secondes. Compte tenu du déroulement, je pense que j’ai entrevu mes limites. Sans doute, ça s’est joué plus sur le mental que sur le physique.

Épreuves SFG - Snatch test

J’ai également vu à quel point les autres candidats se trouvaient en difficulté sur cette épreuve. Pendant mon passage, les encouragements que j’ai entendus étaient plutôt timides. Il n’y avait pas de public, alors que les candidats étaient préoccupés par leur propre test à venir. Mais à la fin de ces cinq premières minutes, les candidats passés ont tombé dans les bras les uns des autres. Certaines filles craquaient et pleuraient à chaudes larmes après avoir surmonté l’épreuve. Une digue émotionnelle était rompue. Les spectateurs ont commencé à encourager ceux qui passaient de plus en plus fort. Humainement, c’était un moment d’une rare intensité.

Épreuves techniques

Venaient ensuite les épreuves techniques :

  • Avec deux Kettlebells de 24 kg (en ce qui me concernait) : 10 Swings, 5 Cleans, 5 Front Squats, 5 Presses.
  • Avec un Kettlebell de 24 kg : un Relevé de chaque côté et 5 Snatches de chaque côté.

Pour chaque exercice, nous passions à tour de rôle par groupes de 3 avec un instructeur assistant pour nous contrôler.

[Attention, depuis 2014, les règles ont évolué. Pour voir les règles en vigueur en 2019, CLIQUEZ ICI.]

Après le Snatch test, certains candidats étaient complètement « fumés ». Dans notre groupe, l’un d’eux n’a pas pu terminer sa série de 5 répétitions de Double Press. Après son premier passage, notre Team Leader, Fabio Zonin, nous a tous réunis pour nous rappeler que c’était un moment important. Le candidat concerné se voyait consentir une seconde tentative pour ses 5 Presses. Nous l’avons tous entouré pour l’encourager. Fabio s’est désigné pour juger la technique.

La première répétition est passée sans problème. Nous avons tous vu le passage difficile à la seconde répétition. A la troisième, ce candidat n’a pas réussi à surmonter l’épreuve, en dépit des encouragements de 25 personnes (les assistants s’y étaient mis aussi). Pour autant, il a échoué avec honneur, en luttant pour que les Kettlebells montent. Son corps était pris d’une véritable révolution de spasmes musculaires, avant qu’il ne relâche son effort pour les reposer. Nous avons, là encore, vécu un moment d’une rare intensité.

Le moral à l’épreuve

Épreuves techniques terminées, j’ai ressenti une forme de frustration par contraste avec l’épreuve des 100 Snatches. Pour cette dernière, chaque candidat savait s’il a réussi ou échoué. En revanche, les résultats des épreuves techniques n’allaient être dévoilés que plus tard, au cours d’évaluations individuelles. Cela dit, cette frustration a vite été effacée par l’imminence de l’épreuve finale, la Grad Practice.

La Grad Practice est une sorte d’enfer d’une vingtaine de minutes, composées d’exercices du curriculum. Les instructeurs observent les candidats pour voir s’ils ont un mental fort et s’ils sont capables de sortir de leur zone de confort. Nous voilà partis en binômes. L’un, en récupération active, pendant que l’autre enchaîne 3 Double Cleans, 1 Double Press, 2 Double Front Squats. Puis, à chaque bloc de 5 séries, une série de 10 Swings, pour casser le rythme.

Épreuves SFG - Grad's Practice

Je ne sais pas combien de rounds nous avons enchaînés. J’avais dépassé le stade ou on garde encore la lucidité nécessaire pour compter. Pourtant, je suis allé au bout. En dépit des 35 à 40°C qui régnaient dans la salle. Les ampoules sur mes mains étaient ouvertes et douloureuses, même pansées. Encore une fois, j’ai eu l’occasion de me prouver que le moral est plus fort que le physique. En vérité, l’école StrongFirst n’encourage pas cette façon de s’entraîner. Mais, dans le contexte de la certification, c’est une bonne manière de montrer à chaque candidat qu’il y a en lui ou elle plus que les mains écorchées ou les muscles endoloris. Tant que le moral n’est pas en berne, le corps trouvera les ressources nécessaires.

Evaluations

Après le déjeuner, nous nous sommes retrouvés dans nos équipes pour les évaluations individuelles avec l’encadrement. Selon les cas, elles ont été données soit en entretien privé, soit devant l’ensemble des candidats. Au sein de notre équipe, tout le monde s’est prononcé en faveur de la seconde option.

Au cours de ces évaluations, chaque candidat recevait le résultat de ses tests avec les points à améliorer lorsque tous les critères techniques pour chaque exercice n’étaient pas réunis. Tous les candidats ont reçu une attestation de participation. Ceux qui ont réussi tous les tests recevaient en plus le fameux sésame : le diplôme d’instructeur SFG I. Les autres candidats bénéficiaient d’un délai de 3 mois pour valider les tests sur lesquels ils ont échoué, soit directement, soit par vidéo avec leur Team Leader.

D’après les statistiques, le taux de réussite à la fin du weekend était de l’ordre de 58%. Dans notre équipe, seuls 3 candidats sur 17 n’ont pas été reçus. Fabio nous a confié qu’il avait été impressionné par nos qualités techniques et morales. En fait, il en avait rarement eu une équipe avec ce niveau de préparation. C’est probablement ce qui explique ce très fort taux de réussite.

La force est une compétence technique

Un des recalés aux épreuves était le candidat qui m’a le plus impressionné par son physique particulièrement musculeux. Et pour cause ! Il a été le seul à se présenter en début d’après-midi du premier jour à l’épreuve du Beast Tamer.

« Beast » est le nom de baptême donné au Kettlebell de 48 kg. L’épreuve de Beast Tamer (littéralement, dompteur de la bête) consiste en une traction stricte à la barre fixe avec le Beast accroché à la ceinture, puis un Pistol (Squat sur une jambe, l’autre tendue devant) en tenant le Beast devant la poitrine et enfin, un Press.

Épreuves SFG - Beast Tamer

Lors de sa tentative sur le Press, j’avais remarqué que l’avant-bras du candidat n’était pas parfaitement aligné avec son poing.  Entraîné par le poids du Beast, il avait échoué. Sur les épreuves techniques, même si les Kettlebells montaient sans difficulté, il a été recalé. Notamment, en raison du placement de ses avant-bras sur tous les exercices intégrant la position de rack (Clean, Front Squat, Press).

Comme quoi, les critères sont avant tout techniques. L’objectif n’est pas tant de démontrer que l’on est capable de manipuler les poids imposés. Un des concepts StrongFirst est de faire les exercices en respectant les standards techniques quelle que soit la charge. Dans le cas contraire, on se retrouve rapidement dans un « cul de sac » technique, puisque tricher à l’entraînement ne permet pas de progresser. Pire, on risque de se mettre en danger.

En résumé

Je suis revenu de ce weekend de certification avec :

  • Mon précieux sésame, le diplôme d’instructeur SFG 1.
  • La sensation d’avoir vécu une expérience humaine incroyablement enrichissante : d’une part, par la diversité de personnalités rencontrées, de leurs origines ; d’autre part, par l’intensité de l’énergie communiquée par ces gens tendus tous ensemble vers le même objectif.
  • Une technique fortement affûtée (Alexey me l’a confirmé lorsque nous nous sommes revus pour une petite session quelques jours après).
  • Une conviction encore plus forte de la pertinence du système StrongFirst.
  • Une envie encore plus présente de le faire connaître en France.
  • La conscience d’appartenir à une vraie communauté internationale.

Depuis ce weekend du mois de Juin 2014, j’ai vraiment la sensation d’être quelqu’un de nouveau, de meilleur. J’encourage tout le monde à tenter également l’aventure. Même si vous n’êtes pas un professionnel des activités physiques et sportives. Par son côté « rite de passage », la certification SFG 1, ses épreuves et sa période de préparation pourraient devenir pour vous un point de nouveau départ, physique et psychologique, une sorte de renaissance personnelle. Et sans aucune exagération, cela pourrait changer votre vie.

SFG 1 - Italie 2014


Pour conclure

Il va de soi qu’avant d’envisager de devenir instructeur, vous devez apprendre et pratiquer les bases et acquérir un certain niveau de force. C’est l’objectif de nos formations techniques :

En revanche, si vous vous entraînez depuis longtemps et souhaitez désormais partager votre expérience avec d’autres passionnés, nous pouvons vous enseignez la meilleure manière de le faire lors de nos certifications :

Enfin, si vous êtes un pratiquant confirmé et souhaitez vous protéger contre les aléas de l’entraînement physique, intéressez-vous à notre nouvelle formation StrongFirst Resilient.


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